Volet I : la loi linguistique du Québec

Nous avons puisé dans nos milliers de gazouillis pour vous offrir ce Guide essentiel du Québec pour traducteurs, présenté par volet thématique. Ce premier volet démystifie la loi linguistique du Québec : la Charte de la langue française. D’autres suivront dans les semaines à venir. La plupart de nos gazouillis abordent la question du point de vue du traducteur anglophone, mais vous y trouverez sûrement de précieux conseils même si vous traduisez en français. Bonne lecture!

1 : Seules les communications du gouvernement du Québec sont assujetties à la Charte de la langue française. Si vous traduisez pour quelqu’un d’autre, vous pouvez faire comme bon vous semble.

2 : Voyez la loi comme un guide de rédaction pour le gouvernement du Québec. Elle ne vise que ce client précis.

3 : Tous les noms de ministères et d’organismes gouvernementaux doivent demeurer en français, même dans les textes rédigés en anglais ou dans une autre langue.

4 : « Gouvernement du Québec » n’est ni un nom de ministère, ni un nom d’organisme. Vous pouvez le traduire.

5 : Les travaux de l’Assemblée nationale du Québec sont traduits et l’ensemble des lois et règlements du Québec ont une traduction anglaise officielle. Vous pouvez les trouver ici.

6 : Le ministère des Relations internationales fait exception à la règle : il peut communiquer dans d’autres langues que le français avec ses correspondants étrangers.

7 : Les ordres professionnels sont tenus d’utiliser leur nom français quand ils communiquent avec le public ou leurs membres.

8 : Les contrats de gré à gré signés en anglais doivent comporter une clause indiquant que les parties ont convenu d’utiliser cette langue. Suggérez l’ajout d’une telle clause.

9 : Les noms de lieux établis ou approuvés par la Commission de toponymie du Québec doivent demeurer en français (mais seulement dans les communications du gouvernement du Québec… rappelez-vous le point 1).

10 : La loi n’interdit nullement de traduire le nom d’un programme du gouvernement du Québec.

11 : La loi n’interdit nullement de traduire le titre du poste d’un fonctionnaire de l’État québécois.

12 : La loi n’a pas d’effet en dehors du Québec et n’a pas d’équivalent dans les autres pays francophones. En France, par exemple, tous les ministères ont un nom anglais officiel.

13 : La loi n’interdit nullement de traduire le titre d’un livre blanc, d’un document de stratégie, etc.

14 : Les seuls éléments de l’adresse à laisser impérativement en français lorsque vous traduisez pour le gouvernement du Québec sont les toponymes (rue, ville, province).

15 : À vous de décider si vous traduisez ou non les autres éléments (étage, bureau, case postale, etc.).

16 : La loi n’oblige nullement à ponctuer les adresses comme en français. Vous pouvez très bien supprimer la virgule suivant le numéro municipal et les parenthèses autour du nom de la province.

17 : La loi n’interdit nullement d’accompagner un nom officiel en français d’une traduction de courtoisie.

18 : La loi n’interdit nullement de mettre un nom français en italique pour signaler graphiquement qu’on l’a laissé en français à dessein.

19 : La loi n’oblige nullement à respecter la casse française. Vous pouvez employer la majuscule comme vous le voulez.

20 : Vous avez tout à fait le droit d’inverser le nom et le sigle d’une organisation pour rendre une phrase plus lisible.

Le sujet vous intéresse? Vous pouvez suivre une formation en ligne à ce propos animée par le président d’Anglocom, M. Grant Hamilton, et offerte par l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes du Québec (OTTIAQ). Pour connaître tous les détails et vous inscrire, suivez ce lien et ouvrez une session du portail OTTIAQ.

Volet II : le français québécois

Nous avons puisé dans nos milliers de gazouillis pour vous offrir ce Guide essentiel du Québec pour traducteurs, présenté par volet thématique. Ce deuxième volet présente quelques particularités du français québécois. Bonne lecture!

Les mots qui changent de sens

1. Soyez vigilant à la rencontre de « national », « pays » ou « d’ici ». On parle soit du Québec, soit du Canada. Servez-vous du contexte pour trancher.

2. « Plusieurs » signifie presque toujours many, et rarement several. Fiez-vous au contexte. « Plusieurs électeurs ont voté pour Macron » = Many people voted for Macron. « J’ai plusieurs autos » = I have several cars.

3. En présence de quatre ou cinq éléments, several convient comme traduction de « plusieurs ». Si vous êtes dans le doute, a number of peut vous tirer d’affaire.

4. Au Québec, « 1er étage » désigne souvent le rez-de-chaussée, à l’américaine. Vous pourrez devoir renuméroter les étages en traduisant, ou les garder à l’identique de l’américain.

5. On ne patine pas toujours sur des lames au Québec. Parfois on « patine » pour éviter de répondre à une question embarrassante. En anglais? To fudge, bien sûr!

6. Au Québec, dans le langage familier, un « trente sous » est une pièce de 25 cents, et une piastre (prononcée piasse), une pièce d’un dollar.

7. Saviez-vous que l’expression familière québécoise « c’est de valeur » signifie non pas « c’est précieux », mais « c’est dommage »?

8. L’adjectif « choqué » se traduit habituellement par offended/appalled/shocked/shaken, mais au Québec, il peut aussi signifier angry (fâché).

9. Oh là là! ???? RT @benoitmelancon : @offqc Tout savoir sur l’emploi québécois du mot « là » : http://wp.me/p1glYg-5KK

10. Attention : « fin de semaine » signifie « week-end », non pas « fin de la semaine ». Ainsi, « faire des heures supplémentaires la fin de semaine », c’est To work overtime on weekends, PAS To work extra hours at the end of the week.

11. Au Québec, « 5 à 7 » est l’équivalent de happy hour, soit une réunion informelle pour prendre l’apéritif en fin d’après-midi. À ne pas confondre avec le 5 à 7 français, qui désigne plutôt un rendez-vous coquin!

12. Attention! En français québécois, on emploie parfois « température » au sens de « météo ». Impossible en anglais, où temperature désigne exclusivement un degré de chaleur.

13. Au Canada, on déjeune au réveil, on dîne le midi et on soupe le soir. Il peut donc être hasardeux de présumer que « déjeuner » se traduit par lunch ou « dîner » par supper ou dinner.

14. Au Québec : « table d’hôte ». En France : « formule » ou « menu ». En anglais, étonnamment : prix fixe, ou simplement full-course meal.

15. Le « Mouvement Desjardins » (institution financière la plus importante du Québec) se traduit Desjardins Group. Ne faites pas l’erreur de laisser ce nom en français ou de parler de Movement.

Anglicismes courants au Québec

16. Attention! Influencés par l’anglais delay, les Québécois utilisent souvent « délai » au sens de « retard » plutôt que d’« échéance ».

17. Calqué sur l’anglais definitely, « définitivement » s’emploie souvent au Québec comme synonyme d’« absolument » ou de « décidément », mais peut aussi avoir son sens habituel de « de façon permanente ».

18. Au Québec, « courrier » est parfois utilisé à tort au sens de courier. Fiez-vous au contexte pour ne pas écrire mail ou postlà où il est question d’un service de messagerie.

19. « Traducteur freelance » est un anglicisme qui rebute au Québec et qui peut faire perdre des contrats si on se nomme ainsi dans son CV.

20. « Veste » désigne ce qu’on appelle un jacket en anglais, mais certaines personnes, surtout au Québec, utilisent « veste » au sens de vest (vêtement sans manches). Toujours vérifier.

Volet III: la géographie et la toponymie du Québec

Nous avons puisé dans nos milliers de gazouillis pour vous offrir ce Guide essentiel du Québec pour traducteurs, présenté par volet thématique. Ce troisième volet présente la géographie et la toponymie du Québec ainsi que quelques consignes sur les mots Québec et Québécois. Bonne lecture!

La géographie du Québec

1. La ville de Québec n’a pas de downtown au sens traditionnel du terme. Utilisez plutôt city center/center of town/heart of the town/historic center.

2. Si un texte canadien rédigé en français mentionne le « fleuve » sans préciser lequel, il s’agit fort probablement du fleuve Saint-Laurent. Nommez-le en anglais (St. Lawrence River) pour éviter toute équivoque.

3. Même si, pour les fleuves et rivières, on dit normalement « banks » en anglais pour en désigner les rives, dans le cas du Saint-Laurent on dit les « shores », comme si on parlait de la mer. La Rive sud de Montreal se nomme donc « The South Shore ».

4. Les traducteurs rendent « fleuve majestueux » par majestic St. Lawrence, mais en fait, mighty St. Lawrence est plus courant en anglais.

5. Au Québec, « en région » désigne tout ce qui se trouve en dehors de Montréal. En Ontario, toutefois, in the regions ne viendrait pas à l’idée de personne pour désigner les régions à l’extérieur de Toronto. « En région » se traduit donc plus spontanément en anglais par in rural / remote areas / outlying regions / in rural Quebec / etc.

6. Capitale nationale : au Québec, ce terme désigne souvent la ville de Québec, mais parfois celle d’Ottawa. Orientez vos lecteurs dans le bon sens!

7. « Estrie » : région du Québec connue sous le nom d’Eastern Townships en anglais. Mis à part dans les textes du gouvernement du Québec, il est préférable de le traduire.

8. Le Grand Nord : the North ou northern Canada/Quebec. Le terme Great White North est une invention de Bob et Doug McKenzie.

9. L’île-des-Sœurs près du centre-ville de Montréal est couramment appelée Nuns’ Island par les Montréalais de langue anglaise, mais elle reste Île-des-Sœurs dans les textes anglais officiels.

10. « Métropole » n’a pas le sens de metropolis ou de metropolitan area, mais désigne plutôt la plus grande ville d’une région donnée. Au Québec, « la métropole » se dit Montreal tout simplement en anglais.

11. La rivière des Prairies, qui coule le long de la rive nord de l’île de Montréal, est parfois surnommée Back River en anglais par les Montréalais.

12. « Québec » peut désigner soit la ville, soit la province. Prêtez attention au contexte et ajoutez City au besoin en anglais.

La toponymie du Québec

13. Québec porte souvent le surnom de « capitale nationale ». Attention de ne pas traduire en anglais par national capital, car le lecteur risque de croire que vous parlez d’Ottawa. Dites tout simplement Quebec City.

14. Avec majuscules et trait d’union, « Capitale-Nationale » désigne une région administrative du Québec. Ce nom ne change pas en anglais.

15. Ville de Québec : Quebec City en anglais s’il est question de l’entité géographique, Ville de Québec s’il est question de l’administration municipale.

16. 89 lieux géographiques portent toujours un nom français au Québec, mais un nom anglais dans les provinces voisines. Consultez-les ici.

17. C’est souvent une bonne idée de vérifier l’orthographe officielle des noms de lieux au Québec. Faites-le ici.

« Quebec » ou « Québec » en anglais?

18. Si vous ne traduisez pas pour le gouvernement du Québec, c’est à vous de décider si vous gardez l’accent dans les noms Québec et Montréal en anglais.

19. Les Québécois anglophones écrivent Quebec et Montreal, sans accent, et les prononcent à l’anglaise.

20. La plupart des entreprises laissent tomber l’accent et écrivent Quebec et Montreal.

21. Dans certains domaines, comme le tourisme, on a avantage à « mettre l’accent » sur la francité du Québec. Conserver l’accent en anglais ajoute une touche d’exotisme.

22. Dans d’autres contextes, il peut être superflu, voire même déconseillé, d’attirer l’attention sur la spécificité francophone du Québec.

23. Nous conseillons de conserver l’accent dans les communications du gouvernement du Québec ou de nature touristique et de le supprimer dans les autres contextes.

Nommer la province et ses habitants en anglais

24. En anglais, le gentilé Québécois s’écrit Quebecer, sans accent, s’il désigne la population du territoire du Québec. On voit aussi Quebecker, surtout en dehors de la province.

25. Si vous conservez « Québécois » dans un texte en anglais, vos lecteurs risquent de croire, à tort ou à raison, que vous parlez uniquement de francophones.

26. Vous n’êtes pas sûr du sens du mot Québécois dans un texte français? Servez-vous du contexte pour savoir s’il faut écrire Quebecers (les habitants de la province) ou Quebec City residents (ceux de la ville ).

27. Le gentilé Québécois se traduit de trois manières différentes selon son sens : Quebecer ou Quebecker (province), Quebec City resident (ville) ou Québécois (Québécois francophones).

28. On utilise parfois au Québec le mot Canada pour désigner l’ensemble des autres provinces (« les ports du Québec et du Canada »). Dans ce cas, reformulez en anglais pour que le lecteur comprenne qu’il ne s’agit pas d’entités exclusives (ports in Quebec and across Canada).

Votre texte parle du Québec? Ou parle aux Québécois? Confiez-nous le soin de le traduire dans les règles de l’art!

Volet IV : le gouvernement, la politique, l’histoire et les références culturelles

Nous avons puisé dans nos milliers de gazouillis pour vous offrir ce Guide essentiel du Québec pour traducteurs, présenté par volet thématique. Ce quatrième et dernier volet présente le gouvernement, la politique, l’histoire et les références culturelles du Québec. Bonne lecture!

Le gouvernement du Québec

1. Les organes du gouvernement du Québec (ministères, organismes, directions, sociétés d’État, etc.) n’ont pas de nom anglais officiel. Leur nom reste en français dans les textes anglais.

2. Si un texte emploie un nom abrégé pour désigner un organe du gouvernement du Québec (ministère, conseil, commission, etc.), vous pouvez traduire ce nom abrégé.

3. La Charte de la langue française accorde une plus grande souplesse de traduction au ministère des Relations internationales, pour faciliter les échanges avec les publics étrangers.

4. À cet égard, les « délégations générales » du Québec à l’étranger portent officiellement le nom de Québec Government Office en anglais.

5. Le gouvernement du Québec exige l’emploi du nom français dans ses textes, mais pour tout autre texte, c’est vous qui décidez.

6. Les universités francophones du Québec relèvent du gouvernement provincial. Leur nom doit donc rester en français dans les textes gouvernementaux : Université Laval, pas Laval University.

7. On dit partout au Canada Crown corporation, mais son équivalent français, « société de la couronne », ne s’emploie guère au Québec, la monarchie ayant moins la cote. On parle donc de « société d’État ».

Politique et législation au Québec

8. Les articles des lois du Québec sont appelés des sections en anglais, sauf dans les codes et les chartes, où ils demeurent des articles.

9. Au Québec, un parliamentary committee est une « commission parlementaire », pas un comité.

10. Les noms des ministères du gouvernement du Québec demeurent en français, mais les titres des ministres sont traduits. Consultez-les ici.

11. La Paix des braves, l’accord historique entre le Québec et les Cris, s’appelle Peace of the Brave en anglais et non Peace of the Braves.

12. On nomme regulation (au singulier) les règlements pris par le gouvernement du Québec et regulations (au pluriel) les règlements pris par le gouvernement du Canada.

13. « Parc national du Québec » : provincial park dans les autres provinces, mais national park pour le Québec, car n’oublions pas que le Parlement du Canada a déclaré que le Québec est une nation.

Un peu d’histoire

14. À l’époque de la Nouvelle-France, Québec n’était pas une grande ville et porte donc mal le titre de Quebec City dans les textes d’histoire. Même en anglais, écrivez tout simplement « Québec » en conservant l’accent aigu.

Références culturelles québécoises

15. Surnoms donnés aux Canadiens de Montréal : the Habs en anglais, mais « la sainte Flanelle », « le Tricolore », « les Glorieux » ou « le Bleu-Blanc-Rouge » en français.

16. « Canada » et « canadien » sont souvent utilisés pour désigner les autres provinces ou le reste du Canada. Il fut un temps où c’était une prise de position politique, mais de nos jours c’est un simple phénomène linguistique.

17. Quand on traduit du français à l’anglais, il est souvent judicieux de remplacer « Québec » par Canada : « une entreprise québécoise » = a Canadian business.

18. Pourquoi Canada est-il une bonne traduction de « Québec » en marketing? Parce que le public anglophone a rarement un sentiment fort d’appartenance au Québec.

19. Les notions de « Québec » ou encore de « France » font moins partie des cordes sensibles du public anglophone. Songez à les laisser tomber ou à en atténuer l’importance dans les textes de marketing.